Epidémie de COVID 19 oblige, j’attire l’attention sur le sens le moins étudié mais le plus précieux à mes yeux : l’odorat.

Selon Mustafa Bensafi, Directeur de recherches au CNRS, un tiers à la moitié des personnes ayant contracté le virus actuel, récupèrent leur odorat sans démarche particulière mais le pourcentage grimpe à 70% avec un travail de ré éducation olfactive.

Il s’avère donc très intéressant de réfléchir au chemin olfactif nécessaire pour réveiller le flair. Car l’homme reste avant tout un animal et sentir le ramène à son côté primaire et instinctif qui dérange notre société postmoderne. Paradoxalement, il permet la survie et constitue le sens le plus brut. A noter les expressions populaires ; « je ne peux pas le/la sentir », « avoir du flair », « il/elle ne se sent pas bien », « sentir le vent tourner », « sortir par les trous de nez »…

Si l’odorat permet de se connecter à soi profondément, peut-être est-il effectivement depuis très longtemps gage de santé ? Alors on reparle de lui lors des épidémies.

Ce thème me passionne et j’y reviendrai prochainement sous un angle différent.

Je souhaite pour l’heure rappeler quelques étapes clefs de l’histoire pour réveiller la mémoire avant de réveiller le nez !

Une odeur de soins

Petit rappel historique ou réminiscence olfactive : l’odeur comme « soigneur »

Au 12ème siècle en Allemagne, l’abbesse Ste Hildegarde de Bingen décrit ses secrets et remèdes dans un ouvrage où elle répertorie les plantes indispensables à la santé du corps et de l’esprit. A cette époque, les moines cultivent de nombreuses plantes destinées à soigner et le lien entre santé et plantes fait sens.

Il convient de rappeler que parfumerie et pharmacie se confondaient quelque peu par le passé. Le principe actif de la plante et son odeur étaient indissociés. Pour cette raison, assainir, purifier, soigner vont encore de pair avec les notes aromatiques dans l’inconscient collectif.

Qu’on le veuille ou non et n’en déplaise à la médecine allopathique, les tisanes, baumes, onguents et autres potions ont soigné avant les médicaments nés de la chimie et le font encore. J’interroge à cet effet une autre expression, (par provocation et en hommage à Ste Hildegarde, pionnière de la naturopathie et femme de pouvoir) ; « être en odeur de sainteté » ?

A l’inverse, une mauvaise odeur est tout de suite assimilée au danger et la maladie, associée à la putréfaction et à l’air considéré comme malsain ou vicié. Cela depuis les épidémies. En effet, en 1348, l’Europe se voit décimée par la peste noire. Le risque de contagion par les odeurs est alors établi et elle devient menace ou gage de santé. Le vocabulaire s’avère à cet effet riche de renseignements. Beaucoup de croyances ont alimenté le sujet au fil du temps jusqu’au 18ème siècle.

Le parfum le plus emblématique de ce symbole d’assimilation entre odeur et soin reste tout simplement l’eau de la reine de Hongrie. Ce parfum à base de romarin, esprit de rose et fleur d’oranger, extraits de citron et de menthe, apparaît en 1370. La légende raconte qu’il a permis à Elisabeth de Hongrie d’être demandée en mariage par le Roi de Pologne, en dépit de son âge avancé, tant son parfum lui permettait d’entretenir une apparence jeune et radieuse.

Bien que spontanément, l’idée vienne plus difficilement à l’esprit, le gant parfumé des 16ème et 17ème siècles est apparu sous un signe d’élégance mais dans le but de protéger des épidémies. N’a-t-on pas fait de même avec l’arrivée du COVID 19 ?

Au 18ème siècle, les pommes de senteurs apparaissent comme moyen de chasser la maladie via l’odeur et le principe demeure bien que la forme change. Il s’agit toujours de sentir pour se protéger.

Le nez ; un organe rempli de sens

Alors aujourd’hui, tous mis devant le fait accompli d’une épidémie généralisée à la planète dans son entier, comment imaginer la suite et s’adapter ?

En effet, le virus modifie nos perceptions et attire notre attention sur une nécessité : réagir et s’adapter pour échapper à la panique ou à la dictature sanitaire.

Il est intéressant de noter que nous avons été privés de nez dans notre champ visuel presque deux années entières. Enfermé sous un masque, il s’est adapté et n’a pas perdu en capacité. Il a cependant été exposé à des odeurs nouvelles. Excès de gel hydro-alcoolique, détergents et produits assainissants de toutes sortes. Les futures tendances parfums se construiront en réaction je pense. Dans l’inconscient collectif, cette période ne saurait être associée à la joie, au bonheur, au plaisir ou à l’insouciance aussi toutes les notes qui rappellent ce souvenir ne figureront pas parmi les bienvenues en parfumerie.

Pour mieux comprendre l’enjeu olfactif, il faut se pencher sur la muqueuse olfactive (cf article sur le cerveau et l’olfaction). Elle tapisse l’intérieur de chaque cavité nasale. C’est le seul tissu nerveux au contact de l’extérieur. Exposé aux agressions, il se doit d’y faire face et il se renouvelle donc pendant toute la vie. On appelle cela la neurogenèse. Chez l’homme adulte, c’est l’un des rares tissus nerveux à se renouveler. Ce phénomène revêt un intérêt majeur et capital dans un souci de mémorisation et ré-éducation.

Avec l’odeur, tout fait sens. Effectivement, si le chemin d’un parfum ramène à un souvenir, c’est parce qu’il emprunte la voie de l’émotion sans passer par la partie du cerveau qui analyse. Aussi, ré éduquer son nez post covid s’avère possible et salutaire puisqu’il suffit de l’entraîner. Ce sens est rempli de surprises et génère les voyages dans le temps les plus fabuleux car totalement déconnectés. Faire remonter un souvenir et revenir la mémoire en passant par la voie olfactive reste le moyen le plus direct et fiable. Aucun risque de faux souvenir induit comme avec d’autres techniques. Le nez ne saurait mentir. Pour preuve, encore une expression avec « le nez qui tourne » ! C’est affolant comme notre langue est riche de sens et d’évidences à côte desquelles on passe sans les voir.

Pour toutes ces raisons, et avec d’autant plus d’acuité en cette période chahutée, je vous accompagne avec joie et pédagogie dans la découverte de ce sens méconnu lors de consultations. Qu’il s’agisse de coachings ou accompagnements, j’aime rester créatrice et inventive du chemin à parcourir en suivant ce fabuleux instinct que constitue notre flair alors n’hésitez pas !

A.M.

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Adeline Monney
Coach sensoriel Monneysens