A mes yeux, le parfum est magie et il agit tout au cours d’une vie qu’il accompagne, de l’odeur du nouveau né à celle du cadavre. Le parfum rime avec vie, avec envie, avec mort et apaisement. Au profane et au sacré, il apporte des pouvoirs, des attributs de séduction, des remèdes de guérison. Il existe au départ sous des formes brutes quand on sent une résine, une fleur, une plante aromatique.
Escale historique en Egypte

Le parfum faisait partie intégrante du quotidien avec la résine par essence : l’encens. Tout évènement majeur de la vie sociale était ritualisé avec une note olfactive. Chaque jour dans les temples, les Egyptiens honoraient leurs dieux avec des offrandes parfumées. L’image des dieux, ointe d’onguents odorants, parée de vêtements et bijoux était ensuite honorée par les prêtres au nom de Pharaon.
Le mot parfum vient de « per fumum » qui signifie « par fumée » car il se dissipe dans l’air par ce vecteur initial puisqu’il n’existe pas encore d’autre technique d’extraction sur un plan matériel et pratique. Une autre lecture fait observer que l’encens s’envole vers les cieux dans le dessein d’accéder aux dieux.
D’ailleurs, l’ânti se voyait considéré comme sueur des dieux. Son origine ne saurait faire consensus alors il appartient à chacun de rêver, selon sa préférence, que ce soit la myrrhe, l’encens Boswelia ou plutôt l’oliban. Ces trois essences aussi sublimes les unes que les autres sont le support de méditations pleines de promesses que je propose par ailleurs de découvrir avec grand bonheur.
Le matin, des résines sont brûlées, le midi de la myrrhe et le soir du Kyphi dont la recette varie selon les textes retrouvés. La myrrhe, le raisin, le miel, le vin, le genêt, le roseau odorant et le genièvre intégraient cette composition de 10 à 16 notes selon les sources. Il est surnommé le parfum deux fois bon car il fait office de soin et d’offrande. Il possède aussi une facette hygiénique. Les recettes étaient consignées sur les papyrus des bibliothèques sacrées. Les temples d’Horus à Edfou et de la déesse Hathor à Dendérah donnent de précieux renseignements sur les matières utilisées.
A cette époque bien différente, les prêtres étaient éclairés en chimie et en art de la parfumerie. Les temples abritaient leurs laboratoires où ils élaboraient parfums et huiles liturgiques.
Les préparations trouvent également tout leur sens dans le rituel d’embaumement.
On doit à la science des embaumeurs la lourde responsabilité de faire passer le défunt vers l’autre rive « par fumée ».
Pour le peuple égyptien de l’antiquité, la mort signifie séparation du vivant et l’élément matière, le corps se distingue de l’élément immatériel. On transpose aujourd’hui avec un vocabulaire corps et âme approximativement. Il convient en effet de préserver le corps, d’où la momification car il s’agit d’empêcher sa putréfaction. Aromates et parfums trouvent ici toute leur utilité pour ce moment clef de la vie. Lavements et injections de cade par voie rectale permettent notamment la conservation. Les onctions sont ritualisées. L’ouverture de la bouche avant mise au tombeau permet au souffle de vie de ne jamais cesser en étape ultime de préparation au voyage.
Vertus thérapeutiques et cosmétiques du parfum
Le parfum, en Egypte, ne saurait se limiter aux dieux et aux défunts. Il possède, en effet, des atouts et usages variés.
Eloigner les mauvais esprits, protéger la peau du soleil, du vent, des insectes, l’adoucir et la faire rajeunir mais aussi la parer de fards, onguents, huiles et baumes étaient des fonctions associées à l’odeur. Les fleurs jouent un rôle majeur. Le lotus a une connotation érotique et des vertus hallucinogènes. Ce n’est qu’un exemple des ruses pour attirer l’attention et éveiller la sensualité. Hathor, déesse de la beauté, est comme par hasard « celle au parfum délicat, celle qui réjouit le cœur de son parfum ». G.Andreu.
Propreté rime avec pureté donc l’hygiène est privilégiée. Les ablutions ont lieu avec des cendres végétales et ils se lavent les dents avec du natron. Ce fameux natron contient du bicarbonate de sodium.
Des yeux aux tempes, les yeux exposés au soleil sont protégés de fards verts et noirs. La peau doit être enduite et sublimée par un corps gras. Huile ou graisse animale dans lesquelles des produits odorants sont introduits selon que l’objectif soit la santé, la séduction ou simplement le plaisir olfactif. Même la quête de l’éternelle jeunesse figure dans les recettes des potions et des préparations. Le papyrus d’Edwin Smith donne la composition qui transforme le vieillard en jeune homme et atteste ainsi que l’âge et les rides ne figurent pas forcément qu’au rang des préoccupations féminines.
Une odeur dénote également d’une appartenance sociale ne serait-ce que du fait des coût des matières premières à l’origine des créations.
Le fameux Métopion doit être le mélange le plus connu. Il renferme, outre des huiles d’amandes amères en support, de la cardamome, du jonc odorant, de la myrrhe, du roseau aromatique, de la térébenthine, du galbanum, du miel, du vin et des graines de baumier. Des parfumeurs ont tenté de reproduire cette odeur sur la base des textes anciens et j’ai eu la chance de les sentir lors d’une conférence. Il ressort de cette expérience un souvenir lumineux qui ne saurait s’éteindre puisque contrairement aux parfums actuels, même sur une simple mouillette, l’odeur perdure. Hasard d’associer parfum et immortalité ? Parfum et sacré ? Parfum et guérison ? A chacun de construire son opinion sur ce chemin…..
Je vous propose des ateliers parfums dans lesquels j’ai plaisir à vous faire voyager car ces deux passions me portent et transportent. Venez découvrir, osez! C’est pur plaisir.